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À part les Africains, tous les peuples ont des ancêtres Arabes

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"Nous sommes tous des Arabes ! Telle est la dernière révélation fracassante des généticiens. Que cela plaise ou non à Marine Le Pen et à Claude Guéant, tous autant que nous sommes, Français, Américains, Esquimaux, Chinois ou Papous, nous descendons d'ancêtres communs ayant peuplé la péninsule arabique ! Après être née en Afrique, l'humanité aurait donc fait une étape dans l'Arabie heureuse, après avoir franchi la mer Rouge. C'est du scoop. En effet, jusque-là, les grands experts des migrations humaines pensaient que la division des troupes s'était plutôt faite au Proche-Orient ou en Afrique du Nord."Le Point, 27/01/2012


Avant-propos

Il y a 2.500 ans, l’Archonte (Amiral) carthaginois Hannon guide une grande flotte par-delà les Colonnes d’Hercule (Gibraltar). Sa mission vise à renforcer les comptoirs installés précédemment par les phéniciens sur les côtes orientales de l’Afrique jusqu’au Sénégal actuel, puis de pousser les explorations plus au sud. Avant de faire demi-tour dans le Golfe de Guinée, il décrit la rencontre avec des femmes et des hommes velus que les interprètes appellent « Gorillai ». Les Gorillai s’effrayent, se défendent en jetant des pierres et se débattent à coups de dents. Les mâles s’enfuient. Les hommes d’Hannon tuent trois femelles et en rapportent seulement les peaux. Celles-ci seront offertes au temple de Baal de Carthage avant de disparaître dans la destruction de Carthage et le génocide de ses habitants par les Romains en -146.
Plus qu’une parabole, le périple d’Hannon illustre combien la découverte des origines et de l’évolution de l’homme s’édifie par des voyages au travers des mers, loin des rives de nos cultures et à la rencontre des diversités humaines et naturelles.
Cependant, avant d’embarquer avec les navigations d’Homo sapiens, il y a une réalité qui contraint l’accès aux connaissances puisque le niveau actuel des mers  se situe à une centaine de mètres au-dessus de celui des périodes glaciaires. L’eau stockée dans les calottes glaciaires avait provoqué un net abaissement du niveau marin, ce qui transforme en gués des détroits marins. Les plateaux continentaux (aujourd’hui sous les mers) s’offraient comme de vastes plaines fertiles propices aux passages et aux installations des hommes préhistoriques et de leurs communautés écologiques. Les analyses de l’ADN mitochondrial, croisées avec les études linguistiques et archéologiques, permettent de restituer les filiations générationnelles et donc de proposer les pistes probables de migrations. Même si nous sommes pauvres en données archéologiques, fort heureusement, les populations humaines se déplacent avec leurs gènes, leurs langues et leurs artéfacts, ce qui permet de reconstituer de plus en plus finement l’histoire du peuplement de la Terre par notre espèce : l’Homo Sapiens.

Voilà comment il faut réécrire l'histoire de l'humanité

Après avoir surgi il y a quelque 200.000 ans en Afrique de l'Est, l'homme moderne (homo sapiens) a commencé par se répandre dans toute l'Afrique, se fragmentant en de nombreuses populations. La vie était belle et la nourriture largement disponible jusqu'au jour où une tribu s'est mise en tête d'aller voir si le soleil ne brillait pas davantage ailleurs. Elle a donc profité d'une baisse des eaux pour franchir la mer Rouge et débarquer sur la péninsule arabique. Aujourd'hui le détroit de Bab-el-Mandeb dans la mer Rouge fait environ 20 kilomètres de largeur. Il y a 50.000 ans, lorsque le niveau de la mer était 70 mètres plus bas qu'aujourd'hui, il était beaucoup plus étroit. Bien que les détroits n'aient jamais été complètement fermés, il est possible qu'il y ait eu des îles qui pouvaient être atteintes avec de simples radeaux.
Jusqu'ici, on pensait que le premier passage avait dû avoir lieu, entre - 70.000 et - 40.000 ans. Mais la découverte d'outils façonnés par l'homme moderne datant de 106.000 ans repousse la conquête d'au moins 30.000 ans ! On a même trouvé le lieu de débarquement, dans le sultanat d'Oman. Il faut dire qu'à l'époque le climat arabique était humide : à la place du désert actuel, les nouveaux arrivants ont trouvé un paradis terrestre constitué de grandes prairies. C’était peut-être la fameuse « Arabie Heureuse », dont la mémoire de l’Homo Sapiens a conservé le souvenir dans les "livres sacrés", comme celui d’un « paradis perdu ». L'occupation de ce nouvel Éden (la ville d’Aden est dans les parages) aurait duré plusieurs dizaines de millénaires avant que nos intrépides ancêtres ne poursuivent la conquête du monde. 
 
Les données de la paléogénétique tendaient, jusqu’à une époque récente, à identifier une seule vague d’émigration de l’Homo Sapiens à partir de l’Afrique autour de -60.000 ans. Les sites archéologiques découverts dans la péninsule arabique attestent d’une expansion plus ancienne. En effet, des Homo sapiens sont avérés au Djebel Faya d’Oman vers -125.000 ans. Venant d’Afrique de l’Est, ils franchissent le détroit de Bab-el-Mandeb, investissent la péninsule arabique et dépassent le détroit d’Ormuz vers -90.000 ans.  20.000 ans plus tard, des Homo sapiens se baladent à pied en Asie orientale, avant de s’installer en Europe.

La génétique affirme

Les études de paléogénétiques se fondent sur la diffusion de certains types d’ADN. Il y a l’ADNmt ou mitochondrial transmis que par les femmes et celui du chromosome Y qui ne passe que par les hommes. 
1-Les premiers travaux s’accordent assez  bien sur le schéma suivant. De l’ADNmt de type L3 se rencontre en Afrique de l’est et donne deux types ou haplotypes dits N et M. 
- Depuis l’Afrique, les populations de type N prirent le chemin terrestre vers le nord, puis le Proche-Orient où ils butent sur les Néandertaliens avant poursuivre vers l’Inde et la Chine. 
- Les populations de type M traversent le détroit de Bab-el-Mendeb, séjournent dans la péninsule arabique, passent en Inde, le long des îles Adaman, l’Indonésie et, avant 50.000 ans, les terres de la Nouvelle-Guinée, d’Australie et de Tasmanie.
2- D'autres travaux plus récents optent pour un deuxième schéma. En comparant l'ADN mitochondrial prélevé sur des centaines d'individus à travers le monde et dans la péninsule arabique, les paléogénéticiens des universités de Leeds et de Porto [1] sont parvenus à la conclusion quetous les hommes, hors les Africains, ont effectué un passage de plusieurs milliers d'années en Arabie. 

L'Archéologie confirme 

Publiant fin 2010 ses travaux dans PLoS ONE, une équipe internationale a découvert dans le sultanat d’Oman des outils vieux de plus de 100.000 ans, qui semblent confirmer l’idée de plus en plus répandue d’une sortie d’Afrique de sapiens via l’Arabie, et non pas via le Sinaï.

Une équipe internationale d'archéologues et de géologues, dirigée par le Dr Jeffrey Rose, de l'Université de Birmingham, après dix ans de recherches dans les montagnes du Dhofar (sud du Sultanat d’Oman, dans le sud-est de la Péninsule arabique), a mis au jour quelque 800 artéfacts – de longues lames de pierre triangulaires, notamment – de la culture dite nubienne (Paléolithique moyen), répartis sur plus de 100 nouveaux sites.
Résultat de recherche d'images pour "Yemen Oman Dhofar Maps"
C’est la première fois que des outils de cette culture (appartenant à Homo sapiens), par ailleurs bien connue dans la vallée du Nil, sont trouvés hors d’Afrique ! Selon les auteurs, ces vestiges lithiques constituent un véritable balisage ‘façon petit Poucet’, du Soudan à Oman, laissé par les premiers humains modernes voyageant à travers la Mer Rouge, lors de leur migration hors d'Afrique.
En datant l’un des nouveaux sites par luminescence stimulée optiquement (OSL, en Anglais), les chercheurs ont déterminé que ces artisans du Nubien étaient entrés en Arabie il y a…106 000 ans, sinon plus !

« Ce qui rend cela si passionnant, c'est que la réponse [à nos recherches] est un scénario presque jamais pris en considération. Loin d’être des pêcheurs innovants, il semble que les premiers humains venus d'Afrique pour se répandre en Arabie étaient des chasseurs opportunistes, voyageant le long des réseaux fluviaux comme sur des autoroutes. (…) [C’était alors] un paradis de verdure, riche en ressources : gros gibier, eau douce en abondance, silex de bonne qualité (…). Que ces pionniers aient étés capables d’y survivre [ensuite] dans les conditions hyper arides de l'âge glaciaire, c’est une autre affaire !», explique le Pr Rose.

Récapitulons

Depuis qu’existent les sciences du lointain passé de l’homme, la Préhistoire et la Paléoanthropologie sont restées contraintes par une idéologie du Progrès qui centre tout sur l’Occident triomphant et dominateur  depuis la Renaissance, renvoyant les autres civilisations et surtout les peuples dits traditionnels à des stades inférieurs d’une histoire universelle dominée par les Européens, ce qu’on appelle l’ « évolutionnisme culturel » (cf. Pascal Picq Nouvelle Histoire de l’Homme Perrin 2005). Par conséquent, on a négligé les capacités d’innovation des autres peuples, que ce soit dans l’histoire et, a fortiori, dans la préhistoire.
Tout être humain à la surface du globe est, en son lieu de résidence, un immigré africain de nième génération, sauf bien sûr celui habitant près du foyer de l’humanité en Afrique. Et selon une hypothèse très récente des paléogénéticiens, à part les Africains de souche, nous sommes tous de descendance arabe, nos ancêtres ayant très certainement effectué un passage de plusieurs milliers d’années en péninsule arabique. Si cette théorie est confirmée, parmi les immigrés maghrébins récents d’Europe, ceux qui sont exclusivement de souche africaine ne sont pas d’origine arabe, à l’inverse de tous les Européens, descendants des Homo Sapiens arrivant en Europe à partir de -35 000 ...
Toute théorie scientifique est réfutable par essence, mais cette histoire de l’humanité naissante semble solide et acquise à la lumière des plus récentes découvertes.
En attendant, puisque cet ancêtre nous a légué un gros cerveau, essayons de ne pas le faire tourner à vide et utilisons-le à bon escient.

NOTE
 [1] The Arabian Cradle : Mitochondrial Relicts of the First Steps along the Southern Route out of Africa. American Journal of Human Genetics, 90 (2). pp. 347-355.
Sommaire de l’article (traduction)
Une question majeure, restée sans réponse, relative à  la dispersion des humains modernes à travers le monde, concerne le site géographique des premiers pas humains en dehors de l'Afrique. Le modèle «route côtière du sud», prédit que les premiers stades de la dispersion a eu lieu quand les gens ont traversé la Mer Rouge pour atteindre l'Arabie méridionale, mais la preuve génétique de cette théorie a jusqu'ici été faible. Nous avons abordé cette question en analysant les trois haplogroupes mineurs d’Eurasiens de l’Ouest : N1, N2, et X. Ces lignées sont directement issues du premier nœud fondateur non-africain, la racine de l'haplogroupe N. Il correspond au moment de la première sortie d’Afrique de l’Homme Moderne, il y a 60 mille ans (-60 ka). Nous avons séquencé les génomes complets d'ADNmt à partir de 85 échantillons d'Asie du Sud-Ouest portant ces haplogroupes et nous les avons comparés avec une base de données de 300 exemples européens. Les résultats montrent que ces haplogroupes mineurs ont une « répartition de relique » suggérant une ascendance ancienne provenant de la péninsule arabique, et qu’ensuite il y a une propagation de la région « Oasis du Golfe» vers le Proche-Orient et vers l’Europe durant la période humide qui s’étale de allant de -55ka à -24 ka. Ce modèle suggère que l'Arabie était en effet le premier poste de mise en scène dans la propagation de l'homme moderne à travers le monde.

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Hannibal GENSERIC

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